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Wednesday, July 1, 2020

Coviplasm : « Ce n'est pas la première fois qu'on utilise ce type de traitement » - Toute l'actualité de la Santé en Guyane - FranceGuyane.fr

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A.G. Mercredi 1 Juillet 2020 - 18h44

L’annonce de la mise en place d’un centre d’essai thérapeutique Coviplasm en Guyane a provoqué une polémique, ces derniers jours. Des réactions qu’ont du mal à comprendre les professeurs des universités et praticiens du Centre hospitalier de Cayenne, pour qui il s’agit avant tout d’un problème de communication.

La polémique enfle depuis le 25 juin, lorsque la professeure de médecine Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, annonce qu'elle projette de mettre en place des essais thérapeutiques Coviplasm. Cet essai clinique a débuté en avril dans trois régions de l’Hexagone. Il consiste en la transfusion à un patient souffrant du Covid-19 de plasma issu de patients guéris du Covid-19. Ce plasma contient en effet alors des anticorps dirigés contre le virus. Ces anticorps pourraient aider les patients en phase aiguë de la maladie à lutter contre le virus. Cinq professeurs universitaires du Centre hospitalier de Cayenne (CHC) ont donné une conférence de presse cet après-midi, pour essayer de ramener un peu de raison dans le débat.

Le professeur Félix Djossou, chef du service des maladies infectieuses au CHC, indique avoir été contacté par l’Etablissement français du sang (EFS) le 25 juin, puis par Karine Lacombe le 26 juin, afin de mettre en place le protocole d’utilisation thérapeutique Coviplasm. « Nous avons donné un accord de principe en attendant de voir les modalités. Si ce protocole fait débat en Guyane, il faut savoir que c’est parmi les premières idées évoquées pour combattre le Covid-19. Les premiers essais sur le plasma ont commencé en janvier 2020, en Chine puis aux Etats-Unis, et leurs résultats ne sont pas du tout mauvais : la pertinence est là, sur le plan scientifique (…) Ça ne sera pas la première fois qu’on va utiliser ce type de produit non plus. Quand le chikungunya circulait, nous avons utilisé des immunoglobulines et je ne sais pas trop pourquoi personne n’a rien dit à l’époque. C’est donc peut-être un problème de communication. »
Dans le monde, actuellement, plus d'une quarantaine d'essais multicentriques sont conduits sur ce type de traitement contre le Covid-19.

La recherche a besoin de renforts humains

La recherche et donc la mise en place d’un essai thérapeutique ne sont pas nouvelles en Guyane. Lorsque les cliniciens décident de leur pertinence, le Centre d’investigation clinique (CIC), créé en Guyane il y a douze ans, les examine, sur le plan règlementaire, et en juge la faisabilité. « Pour développer des recherches conformes aux bonnes pratiques, c’est-à-dire éthiques, nous avons des professionnels de la recherche, des attachés de recherches cliniques, des statisticiens, des spécialistes de la méthodologie, rassure Mathieu Nacher, professeur des universités, praticien hospitalier est directeur du CIC. Ensuite, il y a la qualité des données. Pour avoir une réponse claire précise, fiable à la question posée, il faut avoir suffisamment de personnes et c’est pour ça qu’une recherche est multicentrique : pour disposer de la puissance statistique (…) On a reçu plus d’une dizaine de projets de recherche mais on manque de bras : il nous faut des médecins et des techniciens supplémentaires. » Bien sûr, un patient à qui l’on propose de participer à un essai thérapeutique est informé de ses modalités et son consentement est requis.

Le professeur Magalie Pierre-Demart, responsable du Laboratoire du CHC, appelle à la modération. « Je pense qu’il y a une méconnaissance, en termes de communication, sur la thématique des essais, qu’ils soient cliniques, diagnostiques ou thérapeutiques. Dans la partie laboratoire, on peut être sollicités pour tester de nouveaux produits. On a des propositions pour tester de nouvelles approches comme le test salivaire car, en effet, c’est plus sensible. Dans cette période qui est compliquée pour tout le monde, j’en appelle à la retenue et surtout à la modération dans les propos. On ne fait pas n’importe quoi ! (…) Nous avons un Centre de ressources biologiques qui vise justement à faire de la collecte biologique pour des études et c’est comme ça qu’on avance ! Tout ce qui a été fait dans la recherche clinique a été très encadré et il faut surtout le voir comme quelque chose de positif pour la Guyane car, quand on voit les courbes, on a besoin de soigner les gens, de les tester, d’avancer sur cette pathologie. »

Un espoir : le remdesivir

En quelques mois, le traitement des patients Covid-19 a évolué. Les cliniciens des trois centres hospitaliers de Guyane se réunissent tous les jours et le protocole de traitement est mis à jour régulièrement. « Les traitements supports, les corticoïdes et anticoagulants, ont révolutionné notre prise en charge. Au début, on pensait qu’ils aggravaient la maladie et, progressivement, grâce aux recherches, on s’est aperçus que ça empêchait qu’un certain nombre de patients aillent en réanimation ou meurent », souligne Félix Djossou.

Alors qu’aucun antiviral n’a fait ses preuves, les praticiens Guyanais projettent d’entrer dans l’essai clinique Discovery. Cet essai européen porte sur quatre traitements, dont l’hydroxychloroquine. « Il n’y a pas eu le nombre d’inclusions souhaitées pour donner toutes les réponses et c’est pour ça que c’est intéressant puisque l’épidémie se poursuit ici. C’est dans notre intérêt à tous. Nous avons profité jusqu’à présent des expériences et des résultats des essais. L’hydroxychloroquine, on en a prescrit en Guyane et on n’a jamais eu le sentiment de donner du poison à nos malades. Par contre, on sait qu’il y a des effets indésirables possibles, qu’il y a des choses à surveiller. Et quand on l’a prescrit, on a fait rigoureusement attention à tout ça. On peut regarder nos dossiers : je ne pense pas qu’on n’a pas eu un décès dû à un traitement par hydroxichloroquine. Mais nous avons été amenés à arrêter quand le haut conseil a interdit sa prescription. »

Un des quatre traitements de l’essai Discovery a déjà été écarté, le Kaletra. « C’est une association de lopinavir et de ritonavir, que nous connaissons bien car nous l’utilisons chez nos patients VIH. On connaît ses effets indésirables et il y a des problèmes d’interaction avec les traitements des patients diabétiques ou hypertendus, notamment. Nous avons donc cessé de le prescrire en Guyane. Il y a en revanche beaucoup d’espoir avec le remdesivir », souligne Félix Djossou.




July 01, 2020 at 11:44PM
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